La littérature courtoise


La littérature courtoise  

Au début du XIIe s. apparaît dans les petites cours seigneuriales du midi de la France un nouveau thème littéraire qui donne naissance à la célébration de l'art d'aimer et qui procède de la mise en œuvre par le troubadour du trobar, c'est-à-dire de l'art de « trouver » en matière de poésie.
Le développement de la littérature courtoise

ORIGINES DE LA LITTÉRATURE COURTOISE

La littérature courtoise a et la lyrique puisé sa matière dans trois fonds principaux : l'Antiquité, les légendes celtiques occitane. Dans les œuvres antiques, les poètes ont trouvé thèmes et inspiration ; ils ont vulgarisé en français certains auteurs comme Ovide. Le Roman d'Alexandre, le Roman de Troie et l'Enéas, un peu plus tardifs, sont les mieux connus. Chrétien de Troyes lui-même a commencé par adapter Ovide. Le fonds celtique et la « matière de Bretagne » ont fourni au roman courtois l'essentiel de ses thèmes, et plus particulièrement son atmosphère féerique : l'enchanteur Merlin ou la fée Mélusine interviennent dans le récit pour favoriser ou entraver la course du héros. Enfin, la chanson d'amour provençale fournit aux romanciers le thème du service amoureux, assimilé au service féodal : l'amour est considéré comme une exaltation quasi mystique et comme une source de vertu ; la dame est inaccessible.


NAISSANCE ET DÉVELOPPEMENT DE LA COURTOISIE

À partir du XIIe s., la conception de l'amour courtois inspire la poésie lyrique en territoire de langue d'oc, et c'est chez les troubadours du Midi de la France que la fin'amor trouve son expression la plus spécifique, avec la chanson courtoise. L'esprit courtois gagne progressivement le Nord de la France. Le mariage, en 1137, d'Aliénor d'Aquitaine, petite-fille du troubadour Guillaume IX, avec Louis VII joue un rôle important dans cette diffusion. Ses filles savent à leur tour perpétuer la tradition, notamment Marie de Champagne, qui s'impose comme une figure emblématique de la dame courtoise.
En langue d'oïl, la littérature courtoise est représentée par les chansons des trouvères (Guiot de Provins, Conon de Béthune, Gace Brulé, Thibaud de Champagne, etc.) mais surtout par le roman : les versions de Tristan et Yseult (en particulier celle de Thomas d'Angleterre), les Lais de Marie de France et les romans de Chrétien de Troyes comptent parmi les plus originales et les plus audacieuses illustrations de cette religion de l'amour courtois. Après avoir été codifiée par André Le Chapelain dans son Tractatus de amore, la doctrine courtoise se présente comme un art d'aimer dans le Roman de la Rose de Guillaume de Lorris et de Jean de Meung. L'idéal courtois se répand par la suite dans toute l'Europe : Catalogne, Castille, Portugal, Italie (sous la forme du dolce stil nuovo), Allemagne (poésie des minnesänger).

DÉCLIN ET SURVIVANCES

Le déclin, ou du moins la transformation de l'esprit courtois, s'opère dès la fin du XIIe s. On continue d'exploiter la matière de Bretagne dans les romans de la Table ronde ou dans le Lancelot en prose. Gautier d'Arras utilise des thèmes gréco-byzantins dans son Éracles. La première partie du Roman de la Rose est un véritable exposé de l'art d'aimer courtois.
Mais, à côté de ces œuvres encore solides, on sombre parfois dans la mièvrerie du roman idyllique (seul Aucassin et Nicolette fait exception) ou dans la grandiloquence des romans de chevalerie dont la mode survit jusqu'au XVIe s. Toutefois, aux XIVe et XVe s., la tradition courtoise est encore très présente et inspire de nombreux poètes, notamment Guillaume de Machaut, Eustache Deschamps, Alain Chartier (la Belle Dame sans merci, 1424), François Villon et Charles d'Orléans. Enfin, il convient de noter que le pétrarquisme et la poésie précieuse du XVIIe s. sont directement issus de la tradition courtoise.

Les genres littéraires courtois

LA POÉSIE COURTOISE

– LA CANSO (OU CHANSON COURTOISE)
La canso, encore appelée grand chant courtois ou chanson courtoise, est la forme poétique la plus représentative du lyrisme courtois. Composé de 40 à 60 vers répartis en une dizaine de strophes (coblas)et se terminant généralement par un envoi (tornada), la canso est un poème chanté et rimé selon de savantes combinaisons, qui parle de l'amour et des joies et des peines qui en découlent. Illustrée par des troubadours comme Guillaume IX d'Aquitaine, Jaufré Rudel, Bernard de Ventadour, Bertran de Born, lacanso reprend le modèle traditionnel de la courtoisie et célèbre l'amour idéal d'un soupirant pour une dame riche de beauté et de vertus, et théoriquement inaccessible.

– LA TENSO
Variante littéraire de la canso, la tenso aborde des sujets plus larges (il peut être question d'amour, comme dans la canso, mais aussi de politique, d'idées générales ou de sentiments personnels) et se présente généralement sous la forme d'un dialogue, d'une discussion, d'un débat. La tenso est composée d'une série de couplets, de même structure, correspondant chacun à une réplique et généralement suivis d'un envoi. Destinée à être chantée, elle était souvent accompagnée d'une mélodie.
Le roman courtois
Parallèlement à la poésie courtoise, le roman courtois s'est développé à partir du milieu du XIIe s., à l'intention d'une clientèle aristocratique dont les goûts frustes et brutaux se sont peu à peu affinés au contact de l'Orient des croisades et du Midi occitan. Le monde courtois, comme celui de l'épopée, est un monde de gloire et d'aventures : le héros de la littérature courtoise doit triompher de nombreux obstacles et embûches, tout comme le héros épique ; mais le premier sert sa dame alors que le second servait Dieu ou son roi. Cette littérature de cour, écrite en langue vulgaire, d'abord en vers, puis en prose, s'intéresse aux complications du sentiment et fait de l'amour son thème principal.
Composées de 1160 à 1183, les œuvres de Chrétien de Troyes fournissent l'un des meilleurs témoignages de la littérature courtoise française. Ne se contentant pas de complaire au public cultivé de la Cour de Champagne (c'est Marie de Champagne qui lui a suggéré le sujet de Lancelot), il expose et illustre les règles de la courtoisie, mais pose aussi les problèmes du mariage et de l'adultère, de l'amour, de l'aventure et, dans son Perceval (amorce du grand cycle de la conquête du Graal), celui de la sublimation de l'amour terrestre dans l'amour de Dieu.

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